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Témoignages

Le Contre amiral Jean Cornuault, dans son livre “Souvenirs d’un officier de marine de 1926 à 1963” (éditions-harmattan) rapporte comment il a découvert René Zuber, l’auteur d’une photo de Jean Gabin parue dans une revue de l’époque.

   “Tous les matins, vers huit heures je prenais connaissance des extraits de la presse du matin que je portais ensuite chez le ministre.
Ce matin-là, le gradé chargé de l’établissement de ce dossier me montra tout de suite le dernier numéro de l’hebdomadaire Match contenant en pleine page une photographie de l’acteur Jean Gabin, en tenue de second-maître fusilier, se promenant les mains dans les poches dans la cour du dépôt des équipages de la flotte de Cherbourg.
Un article accompagnait cette image d’homme oisif qui, comme l’affirmait volontiers l’opinion publique, aurait été aussi bien chez lui.

Comme on pouvait le prévoir le ministre fut très mécontent, (…) et tout cela pour laisser passer un article de ce genre qui ridiculisait la Marine ! Faites-moi immédiatement une enquête sur cette histoire.
Je téléphonais à Cherbourg où tout le monde faisait le gros dos en attendant les réactions du supérieur ; j’appris très vite ce qui s’était passé.

Photos de Jean Gabin dans la marine prises par René Zuber – 1941-1944

Photo avec une dédicace de Gabin pour René Zuber

La photographie de Jean Gabin avait été prise par un garçon qui attendait lui aussi ce que la guerre allait faire de lui ; il se nommait Zuber et avait souvent travaillé avec l’équipe de Pierre Lazareff, pour Match et Paris-Soir, toujours à l’affût de documents originaux. Comme on ne pouvait vraiment pas dire que la photo en question ait eu quoi que ce soit de confidentiel, l’affaire fut vite oubliée, d’autant plus que Campinchi comprenait parfaitement les exigences du journaliste.
J’appris que cet enseigne de vaisseau de réserve, René Zuber, était sorti de l’École Centrale, mais qu’il s’était très vite rendu compte qu’il n’était pas fait pour l’industrie : comme il était artiste jusqu’au bout des ongles et doué pour la photographie, Il fit un certain nombre de reportages d’art, dont l’un en particulier sur la Grèce lui valu une certaine réputation dans le milieu des photographes parisiens.
Quelques jours plus tard, je le fis affecter lui aussi au service de presse où il nous rendit de grands services, surtout dans le domaine des prises de vue. Il était avant toute chose un artiste de grand talent.”

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